Brasil, Les sans abris réhabilitent le premier immeuble public

lundi 09 mars 2009

Wenddi Porto Burger

The building is being refurbished to accommodate 42 homeless families

L’immeuble sera autogéré, les habitants se chargeront des activités économiques et lucratives.

Les membres de la Coopérative Solidaire Utopie et Lutte (CoopSul), responsable de la gestion de l’immeuble, devront entrer dans les lieux au plus tard en avril, selon les prévisions d'Eduardo Solari, coordinateur de la CoopSul, membre de la Communauté Autonome Utopie et Lutte, qui fait partie du MNLM : Movimento Nacional de Luta pela Moradia (Mouvement National de Lutte pour le Logement).

L’immeuble a été occupé en 2005, lors du Forum Social Mondial, dans la capitale gaucha *.

Après s’être approprié les lieux, le groupe a commencé à négocier avec l’INSS et le Gouvernement Fédéral. Le 13 février de l’année dernière, l’INSS a concrétisé la vente du bâtiment, resté vacant et se détériorant pendant plus de 10 ans.

« Nous avions besoin de créer un modèle alternatif pour trouver une issue à l’échec du système classique du logement. C’est pour cela que nous avons développé le système d’autogestion », affirme le musicien et compositeur Solari.

L’autogestion prévoit l’organisation collective. Avec ce système, nous allons payer l’ensemble des charges de l’immeuble, éduquer les enfants en réalisant des formations en informatique et sur l’utilisation d’outils adaptés. Nous allons également débattre d’environnement et travailler à créer du lien social.

Solari et un autre collègue sont les seuls "rescapés" de l’occupation initiale d'il y a quatre ans. Les autres habitants ont dû s'adapter aux exigences requises pour accéder à un des appartements.

« Beaucoup de gens sont passés par ici, mais nombre d’entre eux ne se sont pas adaptés à notre système ou n’ont pas répondu aux pré requis, affirme Solari, qui par ailleurs précise que cela n’a pas créé de malaise entre les compagnons de la lutte pour le logement.

Sélection

Selon Solari, la sélection des futurs habitants a tenu compte de l’âge des personnes concernées (de 25 à 58 ans), de leur volonté de participer à un système d’autogestion, puisque ce sont les propres habitants qui s'occuperont de la laverie, du gardiennage, de la propreté, des cours, de la cuisine et des autres tâches liées à l'immeuble. L’intérêt ou le désintérêt des habitants pour la course aux postes politiques a également été évalué.

« Comme nous venons de différents types de lutte, nous avons également pris en compte les diversités hommes/femmes et ethnique. En fonction de cela, 70% se trouvent être des femmes chef de famille, dont la majorité étudie ou travaille.

Les logements seront de type JK. On compte 14 logements de 30 m², pouvant accueillir deux adultes et deux enfants. Les 28 autres JK, de 25 m², peuvent accueillir deux adultes et un enfant.

Le Modèle

Pour habiter dans l’immeuble, chacune des 42 familles payera 25.000 reais (environ 9.000 €), sans intérêts sur 20 ans à la Caixa Economica Federal (CEF), conformément à l’accord passé dans le cadre du Programme d’Habitation du Crédit Solidaire qui finance le logement des familles très modestes.

Ce programme finance exclusivement les familles organisées en association ou en coopérative, ayant des revenus mensuels moyens inéfrieurs à 1.125 reais (environ 400 €).

Après avoir contractualisé avec le Fonds de garantie, Solari pense que le groupe sera en mesure de s’acquitter de sa dette en dix ans. Cependant, avant d’atteindre ce délai, il rêve de transférer les habitants dans un autre immeuble et de transformer les lieux en un espace citoyen.

« Nous voulons faire bouger les familles d'ici cinq ans pour que l’immeuble se transforme en un Centre de formation citoyenne. Aujourd’hui nous ne le pouvons pas car la loi ne nous le permet pas, cependant nous voulons braver cette loi. », précise Solari.

Selon lui, cette nécessité est motivée par le fait que les 42 familles sont composées de personnes jeunes et que pour cette raison, le nombre de membres sera amené à augmenter.

Carlos Henkin, 48 ans, coordinateur de Utopies et Luttes et membre de la CoopSul, parie sur le fait qu’à partir de l’expérience de Porto Alegre, la CEF et le Gouvernement vont commencer à développer le nouveau modèle de logement social autogéré dans l’ensemble du pays.

L’immeuble

L’immeuble a neuf étages, dont sept sont occupés par des appartements. Chaque étage correspond à une thématique. Le 1er étage est destiné aux hommes âgés, il est appelé l’étage de « l’Homme nouveau ». Pour illustrer ce nom, l’image du révolutionnaire Che Guevara a été dessinée sur les murs. Les deux hommes les plus vieux ont obtenu des appartements avec balcon sur l’avenue Borges de Medeiros.

« La conscience noire », « Les peuples indigènes », « La jeunesse », « La biodiversité », « La femme », et « Révolution » figurent aussi sur les panneaux et donnent leur nom aux différents étages. Les peintures murales ont été réalisées par des artistes aux styles différents. L’acteur de la Terreira da Tribo Renan Leandro, 30 ans, est un des artistes qui a réalisé ces fresques et notamment celle de la « Conscience noire ».

Au sous-sol de l’immeuble, une laverie est en train d’être réalisée. Il y a aura deux machines à laver industrielles et deux sèche-linge. Il y aura aussi une machine à laver gratuite pour le linge des enfants. Sur la terrasse en haut de l’immeuble, dans l’espace « Chico Mendes », on installera une cuisine industrielle, un jardin communautaire et un espace de recyclage des ordures.

Au RDC, il y aura un espace destiné au théâtre, aux cours d’informatique et une crèche. Dans le hall d’entrée la phrase : « Vous entrez sur le territoire de l’autodétermination populaire », accueillera les habitants et les visiteurs.

Les immeubles de l’INSS

Selon Renato Balbim, coordinateur du Programme de Réhabilitation des Zones Centrales lié au Secrétariat National des Programmes Urbains du Ministère des Villes, d’autres immeubles publics de l’Union (l'Etat Fédéral) à Rio de Janeiro (Etat de RJ), São Paulo (Etat de SP), Salvador (Etat de Bahia), Recife (Etat du Pernambuco), São Luis (Etat du Maranhão), sont déjà préemptés et destinés à devenir des logements à vocation sociale.

Selon le "Statut des villes", Loi fédérale 10.257/2001, ces immeubles doivent remplir leur fonction sociale. Autrement dit, ils ne peuvent demeurer fermés, car ils représentent ainsi une charge pour la collectivité.

Concernant les immeubles publics, le Gouvernement Fédéral, a fait des efforts depuis 2003, avec la création du Ministère des Villes et le Programme de Réhabilitation des Zones Urbaines centrales, pour transformer ses immeubles vacants en logements, contribuant ainsi à réduire le déficit de logements, allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie urbaine, et permettant aux personnes d'habiter de manière digne dans les zones bien situées et non plus forcément dans les zones neuves et lointaines de la périphérie », affirme Balbim.

Rédaction Terra: http://noticias.terra.com.br/brasil/interna/0,,OI3615940-EI8139,00-Semteto+reformam+predio+publico+de+moradia+social+do+Pais.html

* capitale de l’ Etat de Rio Grande do Sul, Porto Alegre.

Gaucha, désigne le terme gaucho (en espagnol gaucho et en portugais gaúcho) en Argentine , Paraguay , Tarija , en Uruguay et au sud du Brésil le peuple de gardiens de troupeaux de la pampa sud-américaine. L'étymologie de ce terme aurait pour origine la langue quechua "huacchu " (orphelin, solitaire), ou du caló (gitan, bohémien espagnol) gacho (paysan, amante).