La Charte de Belém
![05-03-08_1623[1]](/var/ezwebin_site/storage/images/media/images/05-03-08_1623-1/110112-1-eng-GB/05-03-08_1623-1.jpg)
Localisée en Amazonie brésilienne, Belém du Pará est la ville où siègera le Forum Social Mondial en 2009. La ville est également candidate pour accueillir la Coupe du Monde de football en 2014. Ses habitants, organisés autour de quatre organismes nationaux de mouvements populaires : la Confédération nationale des associations d’habitants (CONAM), la Centrale des Mouvements populaires (CMP), le Mouvement national de lutte pour le logement (MNLM) et l’Union pour l’habitat populaire (UNMP),
DECLARENT
1.Que les fortes caractéristiques amazoniennes, du fait de sa localisation géographique à l’embouchure de l’Amazone, le plus grand bassin hydrologique du monde, font de Belém une véritable Ville des Eaux. L’espace urbain de la ville se compose de six bassins hydrologiques. Elle est formée d’un ensemble insulaire comptant plus de quarante îles, l’ensemble étant entouré par des grands fleuves et traversé par de petits canaux, les igarapés et par des micro bassins hydrologiques. Le fleuve fait partie intégrante du paysage quotidien de la population, mais le rôle qui lui est dévolu fait état d'un dysfonctionnement : en effet, ces cours d’eau servent aujourd'hui d’égouts à ciel ouvert ou de dépôts d’ordures ménagères. Les fonctions qui permettraient d'en faire un élément d'embellissement du paysage ne sont pas exploitées.
2.Belém est une ville tropicale, au climat chaud et humide, aux amplitudes thermiques faibles et sans saisons bien marquées. Les températures les plus chaudes se rencontrent du mois de juillet à novembre, avec une moyenne de 26 degrés, un maximum 38° degrés et un minimum de 20° degrés. L’hiver, ou plus exactement la période la plus pluvieuse, s'étend de décembre à mai (période qui coïncide avec la date du FSM en janvier). Toutefois au cours de l’année, presque tous les après-midi, une averse tombe et cela de façon si fréquente qu’elle est devenue une référence de la ville.
3. Pour compléter ce tableau, la ville a été construite sur une côte géophysique à 4 mètres en dessous du niveau de la mer, situation problématique pour les personnes, la nature et la vie, provoquant de terribles problèmes d’environnement comme la pollution de l’air, de l’eau et la destination finale des déchets urbains. Ces difficultés sont intimement liées aux questions sociales, entrelaçant la fragilité de l’environnement et la vulnérabilité sociale.
4. Outre la situation de l'habitat en bordure de fleuve bien caractéristique de la région, la partie continentale de la ville compte d’innombrables occupations faites de bidonvilles précaires localisées en grande partie sur les zones inondables de la ville, formant un modèle de gestion urbaine qui accumule les contradictions et les conflits. De ce fait, la configuration urbaine de la ville a des contours mal définis qui, jusqu’à aujourd’hui, sont à l’origine d’un modèle d’urbanisation qui favorise les opportunités immobilières et un accès à l'information réservé à un petit nombre de privilégiés. En ces lieux, sont installées les familles de classe moyenne supérieure, vivant protégées avec leurs chiens de garde dans des résidences privées, laissant au plus pauvre la non-ville, sur pilotis, non équipée, et surtout des espaces et des lieux disqualifiés.
5. Bien que Belém ait des "airs de métropole" avec sa population estimée à 1 million et demi d’habitants, la classe moyenne de Belém conserve des coutumes provinciales qui sont à l’origine d’embouteillages quotidiens, s‘ajoutant au trafic déjà congestionné du centre ville. Par exemple, à l’heure de sortie des collèges privés, les voitures en double files bloquent complètement la circulation. Une telle attitude conforte l'idée d'une ville maintenue entre les mains de quelques-uns, ses anciennes "capitaineries héréditaires". Elle est à l’origine d'oppositions lors de la révision du Plan Directeur Urbain, où ses représentants tentent de déclencher le processus accéléré de verticalisation dans les espaces proches des pôles d'emplois, alors que les configurations climatiques ne permettent pas cette terrible densification.
6. Cette même logique, et ceci est notre principale préoccupation, doit orienter l’ "embellissement" de la ville en vue de l’organisation des grands évènements prévus, notamment parce que la logistique et l’infrastructure urbaine nécessaires à de tels objectifs ne peuvent se satisfaire de la configuration actuelle, laquelle compte un réseau hôtelier local de seulement 8 mille lits.
Pour ces raisons, NOUS PROPOSONS,
de construire un Observatoire des Politiques publiques à Belém afin d’articuler les recherches abordant l’influence exercée par le contexte urbain de Belém sur les valeurs, les attitudes et les comportements politiques et ses impacts sur l’exercice de la citoyenneté. Nous développerons ainsi une recherche qui abordera non seulement les aspects quantitatifs, des effets que les politiques publiques adoptées par le pouvoir public entrainent sur la société, mais également les aspects qualitatifs de l'influence directe de ces politiques sur la vie des citoyens de Belém.
Nous adopterons des stratégies d’intégration entre les organismes investis dans ce processus dans le but d’articuler les recherches existantes à la construction d'une nouvelle base d’informations facile d’accès, à partir de la définition d’une méthodologie commune qui orientera la recherche et les projets qui seront menés par les institutions et organismes associés.
Nous assurerons l’accompagnement et l’évaluation des financements, mécanismes de distribution et de contrôle social, la définition des priorités des politiques publiques dans toutes les interventions proposées, en cours ou prévues pour la préparation de la ville aux deux évènements internationaux, avec des méthodologies et des dynamiques privilégiant la capacitation et la formation de la population dans la mise en oeuvre de solutions citoyennes dans l’exercice concret du Droit à la ville.
![05-03-08_1652[1]](/var/ezwebin_site/storage/images/media/images/05-03-08_1652-1/110116-1-eng-GB/05-03-08_1652-1.jpg)
Le Peuple de la Ville de Belém