Paris, La Courneuve : point sur la lutte des expulsés brutalisés
Vidéo d’une expulsion musclée à La Courneuve le 21 juillet, méthode importée par le nouveau préfet. Jean Baptiste Eyraud, le président de Droit au Logement s’indigne « Le coup de tirer les femmes avec leur bébé, j’avais jamais vu ça ! Quand on a affaire à des gens en difficulté, il faut faire différement. Une intervention comme ça laisse des traces au niveau mental pour les enfants. Les adultes ont eu peur pour eux. Puis, j’ai été mis en garde à vue parce que je suis resté sur place après les sommations des policiers. » Droit au Logement, avec la solidarité de l'Alliance Internationale des Habitants, demande le relogement des expulsés, et s’associe à la demande de régularisation des sans papiers.
A la suite de la publication par Médiapart des scènes particulièrement choquantes de l’évacuation du campement des expulsés de la Courneuve, mercredi 21 juillet, « Droit Au logement », qui défend ces familles afin qu’elles soient logées dignement, rappelle :
- 190 adultes et 49 enfants ont perdu leur logement lorsqu’elles ont été expulsées sans relogement le 9 juillet, au petit matin, par d’importantes forces de police.
- Pour rester ensemble et défendre leur droit au logement, ils ne sont pas monté dans les bus de la mairie, qui leur proposait 3 nuits d’hôtel.
- Ces personnes ont un emploi, souvent pénible. Une moitié sont de nationalité française ou ont une carte de séjour, les autres sont demandeurs d’un titre de séjour.
- Ils habitaient depuis plus d’un an dans des logements de la tour Balzac, sans bail, mais payaient chaque mois une indemnité d’occupation de 500 à 700 euros. L’office HLM de la Seine St Denis avait encaissé les loyers de juillet, alors que l’expulsion était déjà programmée. Ils avaient supprimé les boites aux lettre depuis l’hiver.
Enfants : Les familles ont décidé le 18 juillet, après de nombreux débats, de rester sur le campement, car elles n’avaient pas d’espoir de relogement. Dès lors les enfants sont restés avec leur parents, ce que savait la police lorsqu’elle est intervenue.
Blessées : Plusieurs personnes ont été blessées, surtout des femmes, et une militante (celle dont un policier tord le bras, tandis qu’un autre la tire par les pieds).
Pressions sur le DAL : Le porte parole du DAL Jean Baptiste Eyraud présent sur place avec quelques militants du DAL, a été arrêté au tout début des opérations, et mis en garde à vue, pour « manifestation non déclarée », puis relâché le soir vers 18h, sans convocation au tribunal. Depuis quelques mois, à chaque fois que le DAL participe à un campement ou une action des mal-logés, il est l’objet d’un PV pour manifestation non déclarée, passible de 6 mois de prison et de 7500 euros d’amende. C’est une nouvelle stratégie, pour réduire le DAL et les mouvements sociaux au silence, après l’échec de la pénalisation par le dépôt de tentes.
Pas de solidarité municipale : pas de point d’eau pendant les 14 jours de campement, refus d’héberger dans un gymnase, malgré les exemples donnés par les maire de Cachan, de Sevran ou de Fontenay sous bois, il y a quelques années, qui ont abouti au relogement (pas dans la commune) des expulsés.
Les suites : Négociations et hôtels. Les expulsés ont été placé progressivement dans des hôtels. Un dispositif de police est toujours sur les lieux. Trois réunions ont eu lieu, dont la première, le lendemain des faits, avec le Préfet du 93, les autres avec le Préfet à l’égalité de chance, le sous Préfet de Saint Denis, les délégués, DAL, SOS racisme, CSP 75...
Une nouvelle réunion se tiendra jeudi, il sera rendu compte aux expulsés, à la Courneuve à 17h30 sur place. La délégation attends depuis le 23 juillet le compte rendu de la réunion du 22 juillet avec le Préfet du 93, afin de connaître les intentions actuelles de l’État.
En effet, les forces de police doivent user de la force proportionnellement à celle qu’ils ont en face. Dans ce cas de figure, elle était manifestement disproportionnée, puisqu’ils se trouvaient en face de mères de familles avec enfants. Cette brutalité policière doit être découragée, car elle menace aussi les mobilisations futures.
Droit Au logement, avec la solidarité de l'Alliance Internationale des Habitants, demande le relogement des expulsés, et s’associe à la demande de régularisation des sans papiers.
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