Résistance Habitat III, Résumé et apprentissages
Avec le soutien d’AIH mondiale
A ceux qui ont résisté et résistent chaque jour pour défendre leurs territoires.
INTRODUCTION
Chaque événement mondial qui rassemble la majorité des personnes impliquées dans les décisions publiques sur l'habitat et le territoire, génère au moins de la résistance et des mobilisations. Comme exemple, ce qui s'est passé lors de la deuxième Conférence Habitat II, tenue à Istanbul, dont les manifestations ont conduit à des mesures répressives accrues de la part de la police turque(1)
Un exemple plus récent est le Forum Social Urbain Alternatif et Populaire(2) , qui a vu le jour en réponse au Forum Urbain Mondial officiel, en 2014 à Medellín.
Que ce soit la résistance par la mobilisation, comme cela s'est passé à Istanbul, ou la résistance par l'organisation et la construction programmatique, comme à Medellín, ces conjonctures suscitent d'importants débats sur l'exercice de la construction d'alternatives au système capitaliste et sur les espaces pour le faire. Les débats, avec leurs nuances respectives, vont de la négation des espaces convoqués par les organismes multilatéraux tels que ceux d'ONU-Habitat, reflétant les intérêts particuliers des groupes économiques, jusqu'à la considération que ces scénarios permettent d'inclure la demande et les Droits de nombreux secteurs sociaux et populaires dans certains agendas politiques.
Du point de vue transformateur des mouvements sociaux et populaires, les deux côtés du débat pourraient s'accorder sur au moins une chose: le capitalisme en tant que projet politique, économique et social a échoué à plusieurs reprises à résoudre les problèmes territoriaux. La dépossession des logements et des territoires de millions de personnes à travers le monde et l'accaparement de terres qui en résulte, dans quelques mains; la lutte impériale pour les minéraux et les hydrocarbures exprimée dans la carte géopolitique de l'inégalité et de l'appauvrissement mondial; et le corps, en tant que territoire de lutte et de résistance contre les pouvoirs patriarcaux imposés, ne sont que le reflet de certaines luttes qui dénoncent l'échec et le danger du capitalisme dans les territoires.
L'événement parallèle Resistencia Habitat 3 (ci-après RH3) a émergé en tant qu'espace de contestation et de résistance à la Conférence mondiale Habitat III, convoquée par ONU-Habitat en octobre 2016 à Quito, contribuant à la stratégie de gagner des territoires pour les luttes anticapitalistes. Plutôt que l’enregistrement des rapports et des procès-verbaux, le but du présent document est de transférer les expériences de lutte, partagées au cours de la RH3, aux réalités territoriales. Ce serait encourageant si cela servait de contribution aux débats lors des réunions des conseils de quartiers ou des organisations féministes, par exemple, en nourrissant l'intérêt pour la mémoire et l'investigation des luttes et des processus.
Pour cela, il est proposé de commencer la réflexion sur la base de deux idées. La première exprime l'importance des scénarios de résistance en tant que moments de rencontre, de dialogue et d’élaboration d’enjeux programmatiques de la part des secteurs sociaux et populaires, face aux espaces dits officiels.
La seconde idée suggère que la richesse du dialogue entre les expériences de lutte territoriale dans les espaces de résistance, réside dans sa dévolution aux organisations et aux processus qui les ont générées.
L'effort des gens qui ont voyagé à Quito pour participer à RH3 et de ceux qui ne l'ont pas fait mais qui, jour après jour, soutiennent la lutte dans les territoires(3) , peut être récompensé en reportant ce qui a été discuté au cours de l'événement, sur l'action et la réalité de ces territoires. Si RH3 est comprise comme une opportunité et un processus pour renforcer les luttes territoriales (locales, régionales et globales), la tâche qui en résulte est de retourner ces discussions et expériences comme contribution au travail des organisations sociales et populaires qui ont participé à l'événement, ou qui partagent des problèmes semblables à ceux qui y ont été discutés.
Ce retour, dirait Fals Borda, «doit être systématique et ordonné, mais sans arrogance intellectuelle» (1989: 99). Il doit donc exprimer de manière claire et simple le matériel collecté,
répondre aux différences sociales, culturelles et politiques des organisations impliquées et les encourager à réfléchir sur leurs différentes pratiques.
Il est habituel que pour le retour des discussions d'un événement, l'information soit ordonnée sur la base de critères tels que les désaccords, les consensus et les propositions générées. Ces critères résultent fondamentaux dans les espaces de décision tels que les assemblées. Cependant, compte tenu de la diversité et du grand nombre d'expériences échangées dans le cadre de RH3, essayer de suivre ces critères est quelque peu difficile, ou du moins c’est ce que montrent les compilations des rapports. D'autre part, de nombreuses techniques développées ont tendance à vouloir que le retour de l’information se fasse dans l’atelier, ou réunion, même. C'est-à-dire comme une étape précédée par exemple, par les diagnostics participatifs.
Sans ignorer ces critères et techniques, le présent document maintient le souci de démontrer le lien entre les différentes problématiques. Cette idée permet d'identifier quelques axes stratégiques de lutte pour les organisations travaillant dans les territoires. En outre, présenter une vue plus large et plus simple sur les problèmes territoriaux, donne la possibilité de faire parvenir ces problèmes aux larges secteurs de la société, qui sont restés apathiques.
Autrement dit, ce document non seulement renforce les luttes, mais il ouvre aussi la possibilité de semer des doutes et des réflexions dans les secteurs sociaux, pas nécessairement organisés ou participant à RH3, mais dont l'implication et le soutien aux luttes territoriales est décisive.
Ce document est structuré en quatre parties.
La première décrit les antécédents et les conditions de consolidation de RH3. Ensuite, une description des principaux débats générés est faite, soulignant les liens entre les problématiques, ainsi que les possibles solutions.
Dans la troisième partie, sont développés les bilans des enseignements et des défis du RH3. Enfin, en tant que perspective de lutte et de conclusions, certains outils sont proposés pour faire parvenir les réflexions de RH3 aux territoires, ainsi que d’éventuels sujets à approfondir dans les agendas de recherche - action sociale et populaire.
(1) Sur la protestation et la répression à Habitat II, voir: http://www.ipsnoticias.net/1996/06/habitat-represion-policial-en-estambul-afecto-conferencia-de-onu/
(2) Une synthèse des discussions de ce forum peut être trouvée dans sa déclaration politique: http://forosocialurbanoalternativoypopular.blogspot.com/2014/04/declaracion-politica-del-foro-social.html
(3) On estime qu'environ 3 000 personnes de plus de 35 pays ont participé à RH3.
Le Traducteur Volontaire pour le droit au logement sans frontières de l'IAI qui a collaboré à la traduction de ce texte est :
Commentaires
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